Un trajet de 1000 km en véhicule électrique
Basée dans les Hauts-de-France, je vais désormais régulièrement en Provence depuis que la plupart de ma famille y a déménagé.
Les premières fois, nous avions pris l’avion de Lesquin jusqu’à l’aéroport de Nice. Mais cet été, je voulais tenter l’expérience d’aller du Nord au Sud avec notre voiture électrique !
Je savais que le périple pouvait s’annoncer compliqué, mais après presque 5 ans exclusivement en voiture électrique, j’avais vraiment envie d’essayer un long trajet.
Les caractéristiques de notre Renault Zoé
Nous avons une Renault Zoé 41kW, dont l’autonomie moyenne est de 300km. En hiver, elle baisse autour de 200km, et dans des conditions optimales, il nous arrive de grimper à 350km.
Comment recharger une voiture électrique sur une borne publique
Sa vitesse de recharge la plus rapide est de 22kWh. Nous la rechargeons presque toujours chez nous, sur une prise GreenUp qui nous permet de la recharger assez facilement la nuit à moindre coût. Nous avons donc opté pour des badges sans abonnement pour les recharges exceptionnelles lorsque nous sommes loin de notre domicile. Nous avions tout d’abord acheté le badge ChargeMap (qui fonctionne sur une très grande partie du réseau en ajoutant une commission aux frais à chaque charge), et j’ai commandé un badge Freshmile avant notre trajet cet été. Ce dernier fonctionne à la fois sur son propre réseau mais aussi sur d’autres bornes (avec une commission supplémentaire également). Il est notamment compatible avec les nombreuses bornes installées sur les parkings des magasins Lidl.
Il existe également des réseaux de bornes qui fonctionnent en téléchargeant une application, en scannant un QR code, et en payant directement en ligne (Tesla, Shell…).
Les conditions tarifaires varient énormément, y compris au sein d’un même réseau. Alors qu’il existait avant de nombreux points de recharges gratuites, certaines sont désormais devenues extrêmement coûteuses. Il vaut mieux planifier son itinéraire en sélectionnant les bornes dont les prix restent corrects. Le prix peut être fixé au kWh et/ou à la durée de la charge, et le tarif de cette dernière peut vite devenir prohibitif passé un certain seuil (généralement après la charge complète du véhicule, mais parfois après une durée préétablie). L’objectif de ce mode de fonctionnement est d’éviter que certains véhicules ne restent stationnés trop longtemps sur des places de chargement, afin de favoriser l’accès pour tous. C’est un autre point à prendre en compte lors d’un trajet en voiture électrique : parfois, la charge n’est pas possible, soit pour des raisons techniques (borne HS ou connexion impossible) soit par simple manque de disponibilité. Il vaut donc mieux s’y prendre à l’avance et ne pas attendre d’être en réserve !
La location de batterie chez Renault (DIAC)
En ce qui nous concerne, nous avions opté pour l’achat de la voiture et la location de la batterie. Bien que cette option ne soit plus proposée par Renault, c’est un choix rassurant car la location inclut une assurance en cas de panne de batterie, quelle que soit la raison (problème de batterie ou simplement aucune borne accessible dans le périmètre). Elle nous a surtout servi la première année alors que le moteur de la batterie était en panne.
Je savais que la route serait particulièrement longue, puisque nous allions prendre les départementales au lieu des autoroutes à péage. En effet, pour économiser la batterie sur les longs trajets, nous roulons en mode éco, ce qui plafonne la vitesse maximale autour de 96km/h. Au-delà, la puissance consommée augmente énormément. Il n’y aurait donc aucun intérêt à payer les péages alors que le temps gagné en roulant à 130km/h serait perdu en temps de recharge…
Nous sommes partis le vendredi à 17h. Selon l’application de planification de route ABRP, nous calculons une arrivée le samedi midi. Mais nous n’avons pas tout à fait suivi le trajet proposé (qui suggérait principalement des bornes Ionity qui facturent l’électricité plus chère que le carburant essence !). J’ai sélectionné moi-même les stations de charge sur notre route :
- Un premier arrêt devant l’église d’un village dans l’Oise.
- Un 2ème arrêt sur un parking KFC à Sens qui nous a permis de dîner et de laisser Isaac s’amuser dans l’aire de jeux
Les problèmes de charge
Pour le 3eme arrêt en pleine nuit, nous avions trouvé un hôtel Mercure, mais les bornes classiques étaient déjà toutes occupées. Il y avait un grand réseau de supercharger Tesla, mais je n’avais jamais créé de compte sur leur application et bien que leurs bornes soient désormais accessibles aux autres marques de véhicules, je n’ai pas réussi à le faire, sans doute par manque de connexion internet à cet endroit. Il restait une borne de l’hôtel à laquelle j’ai tenté de me brancher sans succès, et où j’ai fait l’erreur d’insister en réessayant plusieurs fois. La charge de notre Zoé s’est mise en erreur et nous n’avons pas pu nous brancher, même en allant à d’autres bornes plus loin. J’ai appelé l’assistance Renault qui nous a envoyé une dépanneuse et proposé un véhicule de prêt (que nous aurions dû rendre au même endroit plusieurs jours, semaines ou mois plus tard !). Nous avons donc perdu du temps, mais finalement, à notre arrivée au garage, le voyant d’erreur s’était éteint tout seul ! Nous avons alors enfin réussi à lancer la charge en pleine nuit sur un parking au calme à Mersault.
Nous avons ensuite repris la route au lever du jour en direction de Grenoble. J’ai trouvé une borne de recharge sur le parking Lidl de Crolles où nous avons chargé pendant le déjeuner dans un restaurant Ninkasi en face du magasin. C’est un endroit idéal pour prévoir une charge : tarif correct, restaurant ouvert en continu l’après-midi et jusqu’à tard le soir, terrasse avec des transats pour se reposer…
Rouler en véhicule électrique dans les montagnes en Provence
Il nous restait ensuite assez d’autonomie pour finir notre route jusqu’à Sophia-Antipolis. Cependant, nous n’avions aucune expérience avec la voiture électrique en montagne, et nous avons donc préféré anticiper et faire une dernière recharge courte lorsque nous avons vu des bornes en passant à Château-Arnoux-Saint-Auban. Finalement, nous aurions pu nous en passer car l’énergie que l’on perd (extrêmement vite !) dans les montées se récupère tout aussi rapidement en descente lorsqu’on adapte sa conduite en roulant de façon économique. Ce dernier trajet était cependant le plus long car les routes sinueuses nous ont fait perdre du temps. Dans ces conditions, il aurait pu être intéressant de prendre l’autoroute. Nous sommes arrivés à 21h le samedi soir !
Arrivés dans ma famille, nous avons pu recharger directement sur la prise domestique au garage du domicile.
Après une semaine chez mon frère, je suis allée rendre visite à mes parents, mes oncle et tante et ma grand-mère qui vivent désormais dans un village du Var. Nous avons pu ensuite aller jusqu’à Marseille – où j’ai fait une séance photo grossesse à domicile – en une seule fois, sans avoir eu besoin de recharger depuis notre départ de la Côte d’Azur.
Le départ du Sud vers Lille
Je me suis mal organisée au retour. La charge dans le parking à Marseille n’a pas fonctionné, et nous avons quand même pris la route en direction de Lyon au lieu de profiter de passer plus de temps dans les Bouches-du-Rhône. Nous avons commencé à recharger sur le parking Lidl de Vitrolles, à la sortie de la cité Phocéenne, mais la charge s’est arrêtée à la fermeture du magasin à 20h. Nous avons alors continué la route jusqu’à Salon-de-Provence où nous avons pu recharger sur le parking du concessionnaire Ford. A cette heure tardive, j’ai décidé de réserver une nuit à l’hôtel en dernière minute (mission difficile puisque la plupart des check-ins doivent être faits plus tôt !), et j’ai finalement trouvé une chambre à Avignon. Comme nous étions fatigués, nous avons choisi de prendre notre temps et d’attendre le lendemain midi pour recharger à côté du pont d’Avignon. Nous avons profité de ce temps pour visiter la Cité des Papes et manger sur la place en face du Palais des Papes.
Nous avons pris l’autoroute pour aller plus rapidement jusqu’à la métropole de Lyon, où nous étions attendus chez une amie photographe. Là-bas, j’ai dû faire plusieurs bornes pour réussir à charger : les premières étaient occupées par des véhicules de location, la charge ne voulait pas démarrer sur les suivantes. A la 3ème station de bornes, sur une station Total, j’ai pu charger un minimum mais ils plafonnaient à 45 minutes (puis le tarif passait à 0,20€/minute ! Impossible de laisser la voiture le temps d’aller se poser au restaurant qui était à 20 minutes à pied). J’ai donc terminé la charge sur la borne d’une station de lavage à Villeurbanne.
La fin du trajet avec un itinéraire bien planifié
Le lendemain matin, nous avons pris la route pour rentrer chez nous. Suite aux galères précédentes, j’avais planifié les 3 dernières recharges, en prévoyant de ne plus descendre en-dessous de 30% environ (soit une centaine de kilomètres d’autonomie) pour ne pas stresser en cas de difficulté.
Comme nous étions partis en fin de matinée, nous avons fait un premier arrêt pour manger où nous n’avons pas optimisé le temps car il n’y avait pas de borne à cet emplacement. Ensuite, nous avons chargé près de Dijon, sur le parking Lidl d’Ahuy. Pendant ce temps, nous avons pu nous reposer au centre commercial Géant de la zone artisanale (WC, café Casa Antonio…).
L’arrêt suivant était dans l’Aube, à nouveau sur un parking Lidl où nous avons acheté notre pique-nique que nous avons pu manger au soleil en fin de journée sur les grands bancs du parking, juste avant la fermeture.
Enfin, le dernier arrêt était à Reims, sur le parking du concessionnaire Volvo où de nombreuses bornes sont disponibles. Cependant, plusieurs places étaient occupées en pleine nuit par les véhicules thermiques de la marque.
Une fois chargé à près de 100% (les derniers pourcents sont beaucoup plus longs à atteindre, on stoppe souvent avant la fin), nous avons terminé le trajet de Reims jusqu’à Lille et nous sommes arrivés chez nous vers 2h30 du matin. Grâce aux arrêts nécessaires pour la charge, j’ai réussi à conduire seule toute la journée alors que mon conjoint avait conduit la veille. A l’aller, nous nous étions alternés à deux conducteurs mais nous avions eu beaucoup de mal à dormir en voiture, et nous avions donc conclu qu’il serait nécessaire de faire la route en 2 fois pour avoir une vraie nuit de repos.
Les économies d’un trajet en voiture électrique
Les économies réalisées sont non négligeables. J’ai calculé le montant facturé sur les bornes de recharge à l’aller : 40 € pour traverser la France à 4 ! Et puisqu’il n’y a pas de frais de péage, une nuit d’hôtel reste tout à fait acceptable dans le budget global des vacances.
Si c’était à refaire…