Chien guide d’aveugle : une année en tant que famille d’accueil

L’arrivée d’un chien guide d’aveugle dans notre famille

Cela faisait plus de dix ans que je projetais d’être famille d’accueil pour l’école des chiens guides d’aveugle. J’avais attendu d’avoir la situation nécessaire pour recueillir un chiot pendant plusieurs mois. Bien que ce ne soit pas un critère impératif, je voulais tout d’abord avoir une maison avec un jardin. Pour l’école de Roncq, il était nécessaire d’habiter suffisamment proche de la métropole Lilloise pour pouvoir nous rendre aux séances d’obéissance et effectuer les rendez-vous avec la monitrice qui allait suivre la pré-éducation du chiot. Il était également impératif d’avoir du temps disponible à consacrer à l’animal, et donc ne pas le laisser seul plus de 2 heures par jour pour se rendre au travail quotidiennement.

Centre Paul Corteville

En 2017, nous devenions propriétaires d’une maison proche de Lille, et j’étais désormais à 100% à mon compte. Je me décidais alors à contacter le centre Paul Corteville. Au printemps 2018, nous nous apprêtions à accueillir un nouveau membre dans notre famille.

Les élevages de chiens guides d’aveugles

La plupart des chiens du centre Paul Corteville arrivent d’un élevage spécialisé, le CESECAH. Les chiens sont sélectionnés : les mères ont un comportement qui donne une première éducation de qualité aux chiots, et les pères ne doivent pas transmettre de problème génétique physique. Les chiens doivent être assez grands et ne pas avoir de difficultés de santé.

On nous a attribué Oméga, un labrador couleur sable. S’il s’agit de la race la plus répandue chez les chiens guides, ce n’est pourtant pas la seule. On trouve également leurs cousins, les golden-retrievers, ainsi que des bergers allemands ou suisses. Il y a également le labradoodle, issu d’un croisement entre labrador et caniche royal, créant ainsi une race qui ne perd pas ses poils afin de répondre à la demande des malvoyants allergiques aux poils de chiens.

Le rôle de la famille d’accueil

A son arrivée, Oméga avait 2 mois et demi. Il a tout de suite compris le « Non » et a très vite appris le « Assis ». en tant que famille d’accueil, nous devions lui apprendre à être sociable en l’emmenant dans des endroits variés. Il fallait également lui transmettre les bases de sa pré-éducation, afin qu’ils soit habitué à diverses situations de la vie quotidienne :

  • prendre la voiture ou les transports en commun
  • être au milieu d’une foule
  • croiser ses congénères ou d’autres animaux
  • ne pas se laisser distraire par les odeurs ou la nourriture
  • savoir se comporter avec les enfants
  • s’asseoir avant de descendre d’un trottoir
  • faire ses besoins dans le caniveau
  • ne pas réclamer de nourriture à table
  • marcher au pas
  • avoir un bon rappel en extérieur
  • obéir à des ordres simples tels que « assis, couché, tu restes »
  • ne pas monter aux escaliers dans la maison
  • ne pas grimper sur les canapés

Les premiers jours ont été chaotiques : Oméga pleurait la nuit, il a fallu quelques temps pour qu’il apprenne la propreté, et il aimait beaucoup trop manger les chaussures, les sacs et les tapis… !

La pré-éducation avec l’école des chiens guides

Chaque mois, nous devions nous rendre aux séances obéissances organisées par l’école des chiens guides. Pendant ses séances, nous apprenions diverses techniques pour éduquer notre chiot afin qu’il soit capable de répondre aux exigences d’un chien guide.

En parallèle à ces séances en groupe, nous avions régulièrement des rendez-vous avec Johanne, la monitrice en charge du suivi d’Oméga. Les premiers rendez-vous avaient lieu chez nous, puis nous allions travailler ensemble en extérieur pour observer le comportement du chien au quotidien.

 

Oméga et sa monitrice pendant un rendez-vous de suivi : il reste concentré malgré le bruit et l'agitation des travaux de voirie !

Avantages et inconvénients d’un chien guide d’aveugle

Le point positif d’élever un chien guide d’aveugle, c’est qu’il a le droit de nous accompagner partout ! La seule exception légale est l’hôpital, pour des raisons évidentes d’hygiène et de stérilité. En dehors de cette restriction, l’élève chien-guide bénéficie des mêmes droits que le chien guide d’aveugle. Il est autorisé à entrer gratuitement et sans muselière dans tous les lieux qui reçoivent du public : transports, restaurants, magasins, musées, cinémas… Oméga nous a accompagnés dans de nombreux endroits. Parfois, nous faisions face à un refus ; nous devions alors expliquer la situation en montrant son harnais d’élève chien guide. Si nécessaire, nous pouvions sortir sa carte officielle et nominative, où je ne manquais pas de signaler le rappel à la loi inscrit au verso qui indique le montant de l’amende encourue en cas de refus d’accès.

Nous pouvions même l’emmener avec nous à la piscine, où nous le laissions alors à l’accueil, dans sa cage de transport !

Nous étions souvent interpellés dans la rue par des personnes curieuses d’en savoir plus sur notre rôle de bénévole pour l’association. Il était parfois compliqué de faire comprendre aux passants qu’il ne fallait pas distraire le chien en le caressant pendant qu’il travaillait. Certains se permettaient de le toucher sans même poser de question, ce qui entraînait des difficultés dans son apprentissage et sa capacité à se concentrer. En dehors des périodes de travail, il avait bien entendu le droit de courir, jouer, et faire des câlins !

Les croquettes étaient fournies par l’école, et les soins vétérinaires étaient effectués sur place par le vétérinaire du centre. En revanche, nous nous engagions à consacrer bénévolement notre temps pour l’éducation d’un chien qui n’était pas le nôtre. Si nous ne pouvions pas nous en occuper pendant certains journées, nous pouvions le confier à l’école durant certaines périodes. C’est ce que nous avons fait pour assister à un mariage, par exemple, ou pour passer une journée à Ice Moutain (où les activités n’auraient pas été compatibles avec la présence d’un chien).

La séparation

Évidemment, l’aspect le plus difficile de l’éducation d’un élève chien guide, c’est la séparation ! Lorsque le chien atteint son premier anniversaire, il quitte sa famille d’accueil pour rejoindre l’école. Il sera alors formé par un éducateur pendant plusieurs mois avant d’être remis à un déficient visuel. Une cérémonie a lieu lors de la remise, où nous serons conviés. Il est ainsi possible de rester en contact avec le nouveau maître du chien guide. Pendant sa deuxième année, le chien est en éducation toute la semaine à l’école, et il retourne dans une famille d’accueil relais chaque week-end. Avant son entrée en éducation, il passe quelques tests pour vérifier sa santé (notamment l’absence de dysplasie des hanches ou de problèmes oculaires comme la cataracte). A la fin de leur éducation, ils passent un test qu’ils doivent intégralement réussir pour devenir chien guide. Environ 20% des chiens sont réformés, que ce soit pour des raisons de santé, pour des troubles du comportement, ou parce qu’ils ont échoué au test.

Lorsqu’il atteint l’âge de la retraite, le chien peut rester auprès de la personne malvoyante en tant qu’animal de compagnie. Il peut également être proposé à l’adoption par son entourage ou par l’une de ses familles d’accueil. 

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