Le rôle du père

J’ai rencontré mon conjoint quand j’étais adolescente. Nos chemins se sont finalement recroisés dix ans plus tard, et ce n’est que plusieurs mois après que nous avons finalement commencé notre relation.

Être et devenir père

J’étais divorcée et j’élevais seule ma fille de 3 ans. Il a alors commencé à s’en occuper comme si c’était son propre enfant. Dans ses plus vieux souvenirs, elle l’a toujours connu à ses côtés. Il était présent pour lui donner de l’amour, lui fixer des limites, l’éduquer. Il a grandi avec elle, transformant sa vision de l’éducation avec des principes plus bienveillants au fil des années.

Il est devenu père avec elle.

La grossesse

Finalement, 18 ans après qu’on se soit rencontrés, et au bout de quelques années de vie commune, il était prêt à être père. Je n’avais aucun doute sur ses capacités à élever un enfant, et je savais que nous partagions globalement les mêmes valeurs concernant l’éducation.

Pendant la grossesse, il m’accompagnait aux rendez-vous, soutenait mes choix médicaux, même si tout cela était encore très abstrait pour lui, comme la plupart des hommes.

Le soutien du futur père

Déjà en dehors de la grossesse, il a toujours fait sa part dans notre foyer, prenant en charge une partie du ménage et gérant régulièrement les repas. J’essaye de choisir mes mots attentivement : je ne suis pas pour l’égalité des sexes, mais pour l’équité. Et je ne considère jamais qu’un mari « aide » sa femme lorsqu’il s’agit de tâches communes. Pendant la grossesse, le futur papa me délestait davantage des tâches du quotidien que je n’arrivais plus à gérer, tandis que je me consacrais à la fabrication de notre bébé.

C’était souvent très frustrant de constater que j’étais inactive. La fatigue, le moral, les difficultés physiques… Il est difficile d’accepter de lâcher prise et de ne rien faire en se contentant de se reposer pour le bien du fœtus. Certaines femmes enceintes parviennent à rester actives jusqu’à leur accouchement, tandis que d’autres sont alitées dès le premier trimestre.

En ce qui me concerne, j’ai vécu une grossesse non pathologique, mais qui regroupait pas mal de petits maux habituels : les nausées au début, l’épuisement (fatigue et essoufflement), la rétention d’eau… Heureusement, le futur père était là pour me masser les pieds tous les soirs !

 

La présence du père lors de l’accouchement à domicile

J’ai toujours défendu l’idée que c’est la femme qui accouche, et que les choix concernant l’accouchement lui reviennent donc en priorité. Lorsqu’un conflit intervient entre les deux futurs parents, il me semble logique de penser que c’est la mère qui bénéficie ‘un droit de véto et d’un pouvoir décisionnel. Toutefois, étant donné les difficultés auxquelles on doit faire face en France lorsqu’on choisit d’accoucher à domicile, il est préférable d’avoir le soutien inconditionnel du père.

J’ai eu le bonheur de trouver ce soutien pour mon 2ème accouchement. Il était en tout point très différent de celui que j’ai vécu en 2008. Tout d’abord, à 22 ans, je ne m’étais pas sentie capable de faire le choix de l’AAD. D’ailleurs, je ne sais même pas si j’aurais pu trouver des professionnels de santé qui auraient accepté le suivi à cette époque. Ma fille aînée a donc vu le jour à l’hôpital. Son père n’ayant pas souhaité assisté à la naissance, c’est ma sœur qui m’a accompagnée pendant tout le travail. Globalement, cet accouchement a été bien trop médicalisé, sans raison valable autre que les protocoles hospitaliers.

La naissance d’Isaac a été, certes, plus douloureuse. Mais les contractions sans péridurale ne me faisaient pas peur, et j’étais seulement ravie de vivre l’accouchement dont je rêvais, dans les bras de mon amoureux. Il a été un soutien incroyable tout au long de cette naissance.

Il a su gérer tout l’aspect logistique de l’accouchement : préparer la pièce, remplir la piscine d’accouchement, accueillir la sage-femme, etc. Il a été intensément présent, physiquement et moralement, jusqu’à la fin. Il a accepté de me laisser seule la veille, alors que le travail se mettait en marche doucement et que j’avais envie d’être tranquille dans le bain. Il m’a rejoint dans la piscine lorsque j’ai eu besoin de m’agripper à lui à chaque contraction, serrant ses mains, me suspendant à son cou, ou m’endormant quelques instants dans ses bras pour reprendre des forces. Il était réactif lorsque j’avais faim, soif, et aussi lorsque j’ai eu envie de tout vomir. Il a trouvé les mots pour me redonner du courage lorsque j’étais en pleine phase de désespérance. Bref, il m’a accompagnée tout au long de la journée, et nous sommes même restés un long moment rien qu’à deux tandis que ma fille était dans la cuisine avec la sage-femme.

Après la naissance

Le placenta est sorti avec une grande facilité, environ 30 minutes après la naissance. J’avais demandé à attendre que le cordon ait cessé de battre pour le couper. C’est donc seulement à ce moment-là que la sage-femme l’a clampé et a proposé de le couper. Habituellement, on laisse cette tâche aux jeunes pères… C’est un acte symbolique fort, et ça donne une « mission » aux pères en salle d’accouchement. Ma fille tenait toutefois elle aussi à le faire ! Ils ont donc tenu la paire de ciseaux à deux et ont coupé le cordon ensemble.

J’ai adoré être chez moi pour l’accouchement, mais aussi juste après. Cela m’a semblé être un véritable luxe que de bénéficier de mon confort habituel. Après la naissance à 22h42, nous sommes restés dormir en famille dans notre salon. Nous n’avons pas été interrompus par les allers et venues du personnel hospitaliers. La sage-femme est revenue le lendemain pour les soins et le suivi post-partum.

Mon conjoint était en congés. L’entreprise avait fermé comme chaque été, et il avait donc été forcé à poser 4 semaines de congés payés à des dates fixes. Nous espérions donc que la naissance aurait lieu au début de ses congés (ce qui correspondait presque au début de la période de mon terme), mais Isaac étant né jeudi soir 3 jours après terme, son père a dû reprendre le travail 5 jours plus tard. Il a demandé à poser ses congés paternité directement à la suite, mais ça lui a été refusé (son patron arguant du fait que la loi autorise l’entreprise à refuser si les dates ne sont pas annoncées un mois au préalable…). Le mardi matin, je me retrouvais donc seule à la maison avec mon nouveau-né. Heureusement, ma fille aînée a pu m’offrir son aide lorsque j’en avais besoin !

Créer des liens : la place du jeune père

 

Durant ses premières semaines de vie ex utero, un nouveau-né a principalement besoin de sa mère. Le bébé a naturellement besoin de téter fréquemment, et c’est sa mère qui est biologiquement constituée pour lui donner le sein. L’allaitement maternel est plus qu’une simple forme d’alimentation : ça le rassure, l’aide à dormir, lui transmet des anticorps, etc…

Face à tous les bienfaits de l’allaitement, il est assez dommage de risquer de le mettre en péril en risquant une confusion sein-tétine sous prétexte de laisser une place au père. Être père, ça ne consiste pas exclusivement à jouer un rôle nourricier !

Plutôt que d’entraver l’allaitement maternel, le père peut y participer en aidant la mère à s’y consacrer. Personnellement, j’apprécie particulièrement le soutien de mon conjoint au quotidien, qui se charge notamment de me nourrir, moi ! C’est encore une fois un soutien physique et moral, lorsqu’il m’encourage pendant les pics de croissance où bébé pleure au sein, lorsqu’il me masse les épaules parfois endolories par une position d’allaitement inadaptée en cododo, et lorsqu’il prend le relais pour porter son fils en écharpe lorsque j’ai besoin de prendre un peu de temps seule.

Partager cet article

Fermer le menu
×
×

Panier